Livre Otis et le deuil de Jenny Fourcaudot

Otis et le deuil : le point de départ d’un dialogue face à l’épreuve

Otis et le deuil : le point de départ d’un dialogue face à l’épreuve
Compte-rendu de lecture

Livre Otis et le deuil de Jenny FourcaudotSujet délicat à aborder que celui du deuil vécu par un enfant. Cette réalité rencontrée tôt ou tard dans les familles demande pourtant à ce que l’on s’y intéresse. C’est ce que fait Otis et le deuil[1], un livre d’une grande simplicité qui aborde un sujet complexe.

Accompagner plutôt que mettre à l’écart

J’avais six ans lors du premier décès auquel j’ai été confrontée. J’ai appris la mort de mon grand-père au retour d’un court séjour chez des membres de la famille[2]. Lorsque mes parents m’ont annoncé la nouvelle, je me tenais debout au milieu du salon et savourais une sucette multicolore aux dimensions extravagantes qui venait de m’être offerte. La friandise s’est soudainement mise à avoir moins bon goût. Il s’agit de l’unique fois où j’ai entendu parler de la disparition de mon grand-père. Dans les semaines et les mois qui ont suivi, je me souviens avoir été habitée par mille et une questions et m’être sentie très seule.

Reconnaître les forces de nos enfants (autistes ou non)

En tant que parents, nous cherchons autant que possible à éviter de la souffrance à nos enfants. C’est probablement ce qui motive certains parents à soustraire d’emblée leurs petits des activités qui se rapportent à des événements de vie difficiles. Malgré cette bonne intention, exclure la participation d’un enfant à ces activités, sans vérifier avec lui ce qu’il en est, c’est-à-dire sans prendre le temps de valider sa compréhension et sa perception de cet évènement marquant, ne le soustrait aucunement aux émotions difficiles. L’enfant risque surtout de se retrouver sans soutien, ce qui peut engendrer des petites catastrophes intimes qui ne sont pas vues, pas entendues.

Composer avec le décès d’une figure connue de l’enfant, comme celle d’un grand-père ou celle d’un animal familier tel qu’illustré dans le livre Otis et le deuil, demande de la force. Il faut comprendre qu’une épreuve de cet ordre exige le double de force de la part de l’enfant lorsqu’il y fait face sans le support de sa famille.

Une interface de communication

Comme parent, en regard d’un décès, il est possible de se sentir momentanément désemparé et aux prises avec des émotions qui nous bouleversent. D’où l’importance de bien s’outiller pour être en mesure d’offrir à nos enfants l’accompagnement dont ils ont besoin. Otis et le deuil a été élaboré en ce sens.

Otis et le deuil est un outil composé dans un style graphique simple et convivial, qui se rapproche de la bande dessinée. L’histoire raconte les étapes que traverse une famille, dont un des enfants a un trouble du spectre de l’autisme, au décès de leur animal domestique. L’ouvrage propose des pistes pour aborder les émotions, prévoir le déroulement des événements, de même que pour favoriser l’entraide dans la fratrie. Le tout dans le respect des réactions et des besoins de chacun.

Faire participer son enfant, à la mesure de ses capacités et en lui fournissant le support dont il a besoin, aide à métaboliser l’événement. Faire confiance à son enfant, c’est lui faire sentir qu’il possède suffisamment de forces en lui pour traverser les moments inquiétants ou douloureux qu’il est à même de rencontrer dans son parcours de vie.

Otis et le deuil ne répond pas à toutes les situations, ni à toutes les questions entourant le deuil. Je ne crois pas que ce soit par ailleurs son but. Ce livre n’est pas une finalité, mais au contraire le point de départ d’un dialogue face à l’épreuve. Il est un appui, une interface facilitant la communication entre l’enfant et les membres de sa famille.

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Les objectifs du livre selon l’équipe de Regard9 :

Otis et le deuil a été conçu spécifiquement pour les enfants à besoins particuliers. Les images simples, en noir et blanc limitent les distractions et favorisent une attention portée vers le contenu. La mort et le deuil étant des concepts abstraits, donc difficiles à conceptualiser pour un enfant en bas âge, demandent une attention particulière pour un accompagnement qui sera réconfortant sans être stigmatisant pour l’enfant.

En accompagnant l’enfant à chacune des étapes du processus de deuil, en prenant le temps d’expliquer dans un vocabulaire adapté à la compréhension de l’enfant, il sera mieux outillé pour vivre cette étape avec sa famille, sans vivre l’isolement amené par la barrière « conceptuelle » d’une notion qu’il comprendrait peu ou pas. Par exemple en s’outillant des pictogrammes proposés dans Otis et le deuil, non seulement l’adulte est outillé pour expliquer le concept, mais l’enfant est aussi outillé pour exprimer son émotion vécue.

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À propos de l’auteure de Otis et le deuil

Jenny Fourcaudot, gagnante du défi OSEntreprendre pour son projet Otis et le deuil« Jenny Fourcaudot, finissante en travail social à l’UQAT au campus de Val-d’Or, a remporté, avec son projet Otis et le deuil, la finale régionale du Défi OSEntreprendre ayant eu lieu le 28 avril dernier. […] L’étudiante représentera donc l’Abitibi-Témiscamingue lors de la grande finale, qui se déroulera le 14 juin prochain au Palais Montcalm de Québec. »[3]

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[1] Jenny Fourcaudot, Otis et le deuil, Regard9, Laval, 2016, 48 p.
[2] Contexte déjà pas simple pour la petite Aspie que j’étais, qui voyait ses repères bousculés.
[3] http://www.uquebec.ca/reseau/fr/contenu/le-projet-otis-et-le-deuil-remporte-un-prix-lors-de-la-finale-regionale-du-19e-defi-osentreprendre

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